la moitié d'une vie
En rangeant les photos je suis retombée sur les vieilles photos d'avant, celles où il avait 20 piges à peine et l'air d'un gamin. Le petit bout de lui en dedans s'est agité et j'ai été prise d'un vertige en m'apercevant du chemin commun parcouru. 12 ans de balade quand on a 30 ans c'est toute une vie! Je me suis souvenue des coups de fils sur son tam tam (huhuhuhu en voilà une relique!) des lettres que j'attendais tous les deux jours, des interminables semaines séparés et de mon cœur galopant le vendredi soir pendant les trois heures de philosophie qui semblaient éternelles avant de retrouver son odeur. Et puis l'impression que tout cet amour allait finir par m'emporter...Et aussi la certitude quasi immédiate qu'il m'aimerait jusqu'au bout que je pouvais donner ma confiance et qu'il saurait porter avec moi mes secrets, mes cailloux blancs, mes paquets lourds. Moi je voyais clair en lui, je voyais l'homme qu'il pouvait devenir loin, très loin de ce qu'on lui prédisait...
Il en a fallu du temps pour que l'on se détache du reste du monde et que l'on réussisse à fabriquer nos propres modèles. Au bout de 12 ans je me sens prête à lâcher une autre main pour empoigner mes gars , en cramponnant mon homme de l'autre. Je suis la mère, je suis la femme, je suis sa femme, je suis. Tout court.